12 Nov
Lanterne rouge ?
Là, c’est Fabrice Fourel avant le départ de la SaintéLyon 2018. Jamais il n’imaginait galérer autant sur cette édition pluvieuse bouclée en… 17h28.
Lire son témoignage ICI
Il s’est néanmoins trompé sur deux points. Il ne s’est pas finalement pas classé dernier, mais avant-dernier. Et il sera de nouveau au départ de l’édition 2019, invité par l’organisation.
PS : Désolé pour l’accueil spartiate à l’arrivée, mais le délai d’arrivée était programmé jusqu’à 16h30. Même chose en 2019, mais avec 5 km de moins. Ça va passer crème.
« Au boue du boue
Je me suis inscrit assez tôt dans la saison. Au départ pas vraiment emballé pour faire cette Saintelyon, l’anniversaire, un changement de tracé m’ont fait basculer.
Je redoutais surtout le froid et le verglas, je ne m’attendais pas à pire. Je reviens sur cela dans mes conclusions.
L’année est mi-figue, mi-raisin avec des résultats satisfaisants au début mais où je passe à côté de tous mes objectifs majeurs (Ultra-Race & faire un temps sur marathon). Je pense aussi que la prépa-marathon va m’aider à faire cette Saintelyon et qu’elle sera suffisante. donc peu de dénivelé depuis Septembre.
Je gère aussi assez mal l’après-marathon du Charolais en faisant un mois de Novembre creux, voire très creux. Mais je me dis que j’ai déjà fait plus dur et que je suis capable de courir plus que 42km avec un faible ratio distance/dénivelé.
Je reviens aussi sur tout ça à la fin….
Je prends le train pour aller à Saint-Etienne. J’arrive avec pas mal de membres de Kikourou et on se rend tranquillement au Flore, notre lieu de rendez-vous.
Ca fait bien plaisir d’échanger avec quelques visages connus et le cadre est super bien pour appréhender ce départ sans sommeil. Au niveau sommeil, justement, je suis un peu en manque, faute à des déplacements pro cette semaine avec un Lyon-Lille-Paris-Lyon sur 3 jours et des journées bien remplies avec soirées assorties.
Vers 22h30, je quitte le Flore pour me rendre sur la ligne. Etonné d’avoir vu pas mal de gens partir du Flore, je le suis moins quand j’arrive au départ où je vois déjà une foule. Les minutes passent statiquement, j’échange assez peu avec mes voisins qui sont déjà en groupe : je suis plutôt réservé dans ces moments.
J’avance un peu, le départ approche et je pars avec satisfaction dans la vague de minuit.Les premiers kilomètres, j’ai l’impression d’être tout rouillé, la faute sans doute à l’immobilisme de l’attente. Ca revient tout doucement au bout de 5km et je suis une allure qui me va bien, très prudente. J’ai décidé d’être très « en dedans », faire ma course, ne pas me soucier des autres. Un peu mal au ventre autour du 10ème mais rien de bien méchant. Cela passe d’ailleurs assez vite.
On est encore assez nombreux donc bien éclairé mais je suis déjà très content de ma frontale (Led Lenser MH10). Cette première partie est très bien pour une mise en jambe en passant par Sorbiers. Plutôt bien, je vois la pancarte Saint-Christo. Je suis content de ma gestion, prudente mais correcte, il me semble.
Saint-Christo-en-Jarez, 2h46 pour 19km
Court arrêt, vraiment très court, car il y a beaucoup de monde et c’est difficile de stationner. J’ai assez sur moi pour faire face alors je repars directement.
Ce tronçon est fait d’alternance marche/course : je marche dès que ça monte un peu, je cours dès que je peux en faisant l’effort de garder un rythme minimal.Les chemins commencent d’être plus dur avec la boue très humide. Au début, cela ne me gène pas trop mais j’ai de plus en plus de mal à négocier les petites descentes. Et à un moment, je glisse et dérape, la jambe droite prend un coup, le genou en particulier où les ligaments me font une alerte. Sur les sommets, je prends bien la flotte accompagnée d’un vent assez frais. Mes gants sont trempés et c’est le seul point où j’ai un peu froid, le reste étant protégé.Je parle pas des chaussures qui sont hors-concours car je baigne dans l’eau. Ca, je vais le payer dans quelques heures.
Sainte-Catherine, 5h25 pour 32km
Arrivée donc à Sainte-Catherine. Le moral est un peu attaqué avec cette histoire de genou et je suis mal à l’aise dans la boue depuis quelques kilomètres.
J’espère finalement avoir des chemins un peu plus secs après car ça promet d’être vraiment galère sinon.Un court arrêt au ravito, j’ai envie d’une soupe mais j’ai pas envie de poser mon sac (le gobelet est à l’intérieur). Vu que l’on est pas abrités, les pieds dans la boue, je décide de partir. Je ne me suis pas arrêté longtemps mais j’ai froid. Et le redémarrage est plutôt compliqué avec une douleur assez vive au genou.
Je me fixe comme objectif le Signal que je vois comme le juge de paix de cette course.
J’avance comme je peux et la montée du Rampeau se passe plutôt assez bien paradoxalement à mon état physique. Avant de monter au signal, je trouve un compagnon de route et on va rester ensemble jusqu’au 55ème environ.
Cette partie se passe bien, on trouve un rythme commun où on s’efforce chacun de relancer à notre tour. On trottine mais on fait l’effort de courir. Cela m’aide beaucoup : quand je suis seul, j’ai du mal à relancer, je me réfugie dans un certain confort.
Saint-Genou, 8h56 pour 47km
On arrive à Saint-Genou et j’ai retrouvé un peu de moral malgré toujours cette douleurau genou droit. Sur une distance comme cela, je sais que cela va et vient et qu’il faut savoir supporter les mauvais moments. Donc pas d’inquiétude importante et je repars tranquillement après 2 bols de soupe. Malheureusement, le physique se dégrade très vite. Après le 50ème, mes plantes de pied vont pas très bien. Je sentais seulement l’humidité et après avoir constaté des frottements, j’ai l’impression que ma peau est collée aux chaussettes. Pas bon signe tout ça !
J’arrive plus à relancer après le 55ème, la route me fait mal aux dessous de pieds et aux articulations. Je vois partir lentement mais sûrement mon compagnon de route… Je marche mais c’est long, très long… L’entrée dans Soucieu me semble interminable. Il est où ce p*** de ravito ?
Soucieu-en-Jarrest, 12h22 pour 61km
J’arrive finalement à Soucieu où je devais arriver avant 12h45. Je prends quelques minutes, je m’assois en prenant de la soupe. J’envoie un message à mes proches, je leur indique que si je finis, je serais pas loin du dernier. Un bénévole me dit que la BH de Chaponost est à 14h15. Selon lui, 1h30 pour 9km, largement faisable en « allongeant la foulée », je le cite, et « c’est que de la descente ». Sympa mais faux !
Je calcule vite fait et si je garde le même rythme, j’arriverai hors-délai. Hors de question de sauter au 70ème !Méthode Cyrano, je l’adapte, je cours/marche en alternance par phases de 1 minutes. C’est dur mais ça semble marcher. je suis quasiment dans les temps mais je vais devoir passer encore le chemin des Lapins.
Arrivé au pied, ça va être très chaud, je calcule et je risque d’arriver 5 minutes en retard. Un gros coup au moral, mais dès le début de la montée, je me dis que je dois rien regretter. Je vais au rythme que je peux, je ne dois pas baisser les bras et si on m’arrête à Chaponost, je ne pourrai pas regretter mes derniers kilomètres.
Pour info, je mets 15′ sur un tronçon que j’ai déjà fait cool en 8′.
Je me force à courir et je rattrape quelques participants et on arrive groupés au ravito.On nous presse d’arriver sur les derniers hectomètres et je marche sur la ligne presque dans les délais.
Chaponost, 14h16 pour 70km
Là, je me dis que le plus dur est fait. On ne va quand même pas m’éliminer sur la fin.
Je prends un peu de force mais je repars. il reste 11km et je dois arriver selon le staf avant 16h30. Cette heure fatidique, je vais l’entendre ensuite plusieurs fois.
Encore quelques calculs, et cela doit me faire un 5km/h sur la dernière partie où je connais la difficulté. C’est ridicule mais je n’arriverai pas à tenir cela ! Cela va en faire rire pas mal, je pense. Au 74ème km , ma montre s’arrête et les débaliseurs arrivent. Ils me disent que je vais sans doute arriver vers 17h15, hors délai et qu’il vaudrait mieux arrêter car pas de classement, pas de médaille, pas de t-shirt souvenir.
Je suis effondré : tout ça pour ça ? Ils me proposent même un raccourci : refus net ! Si je dois finir, je finis comme tout le monde. Aucune fierté à avoir la médaille même en grattant 100m.
Je continue un peu, le moral au plus bas, et avant Montray, je demande à une bénévole si elle a un numéro pour que quelqu’un vienne me chercher. A ce moment, je ne suis plus tout à fait lucide. Elle ne sait pas, me dit que je peux prendre le bus, j’en ai rigolé. Vu que de toute façon ma voiture est de l’autre côté et que personne peut venir, je décide de continuer. On verra bien ce qui se passera.
Je monte cette côte, ça va pas trop mal en marchant, curieusement. Je vois 2 abandons avec les secours en haut, je relativise mon état. Je suis seul, je croise quelques joggeurs dans le parc en descendant puis remontant qui m’encouragent.
Je sers les dents, la ville arrive, La Mulatière, je descends les escaliers sans douleur. Je ne sens plus rien, mon corps et mon esprit sont séparés depuis un moment, c’est curieux. Je passe le pont, je trottine, il pleut abondamment, il me semble que les gens sont surpris de me voir. Il y a de quoi, je suis complètement fou, non ?
Lyon – Arrivée, 81km pour 17h28
Quand je vois les barrières, je me dis que c’est fait, un virage, un autre et j’arrive à la Halle et…. la grille est fermée ! J’appelle un membre du staff pour qu’il m’ouvre mais il ne peut pas. il me demande de passer par dessus la grille ! Je suis dépité mais je monte à la grille et je passe par dessus. On ne m’aura décidemment rien épargné !
Je rentre dans la Halle, ça démonte de partout mais l’arche est là et je passe dessous.Ne voyant rien, je demande ma médaille et on me répond qu’il ait trop tard
Devant mon air découragé où mes yeux de fou, je ne sais pas, une personne va se renseigner et on me conduit à une demi-palette de cartons pleins de t-shirts et de médailles. J’ai au moins ce que j’ai mérité !
Au fait, je suis dernier de la Saintelyon ! Finisher !!
Conclusion(s) :
– il faut une prépa spécifique pour aborder cette Saintelyon et ne pas la sous-estimer comme je l’ai fait en pensant que mon vécu suffirait (manque d’humilité).
– il faut avoir un bon équipement/matériel approprié aux conditions. Il me manquait « juste » une protection bien meilleure pour les pieds.
– je voyais le Signal comme l’élément le plus difficile. Mais le plus difficile est la dernière partie qui est plus exigeante physiquement car il faut pouvoir courir après 50/60km, sinon c’est vraiment trop long. Croyez-moi !
– en voulant trop gérer au début, je me suis retrouvé à passer après des milliers de coureurs et j’ai eu (à mon avis) un parcours plus dur sur certains tronçons. Même si j’avais pu courir, certains chemins étaient impraticables même sur la dernière partie.
48h après environ, j’ai bien récupéré, pas de douleurs musculaire mais une pointe au genou qu’il faudra surveiller. Et la plante des pieds que j’ai pu reposer, qui me brûle encore un peu.
Pour finir, est-ce que j’y retournerai ? Vraiment pas sûr. »
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